La première promotion humaine réside donc dans une augmentation de l’être : exister consciemment, passer de l’inconscience, c’est-à-dire de l’inconsistance, à l’être conscient qui a une substance et qui devient par là même un matériau apte à l’incarnation, apte à être, si l’on peut dire, transsubstantié.
L’Amour ne peut prendre corps que dans un être existant. C’est tout le problème de l’incarnation par lequel, s’il y consent, l’homme se prépare à travers un chemin de mort et de vie, à la seconde étape : être Amour.
N’est-ce pas la leçon de l’Ancient Testament où Dieu forme, éduque, punit, redresse, conduit son peuple de l’état de l’inconscience à celui de la conscience. Étape capitale par laquelle l’homme est préparé à pouvoir recevoir son Dieu, en Jésus-Christ. Étape à partir de laquelle l’homme, jusqu’à la fin des temps, est placé devant l’option du “oui” ou du “non” pour une incarnation continuée.
Tout effort apostolique, missionnaire, éducatif même devrait, me semble-t-il, se référer à cette lumière-là.
C’est alors que “l’être-amour”, c’est-à-dire l’homme en vie de Jésus-Christ, en dynamisme vital d’expansion et d’union, peut prétendre à la troisième étape de son évolution dans l’ordre des réalités divines, à savoir : réaliser peu à peu, avec ses frères, l’être un, fruit collectif d’un dynamisme d’Amour contenu en chacun.
“L’être un” apparaît ainsi comme étant la cellule de base de l’Église de Jésus-Christ : plusieurs en un, en mystère d’unité, foyer de vie.
Cette cellule une, en mouvement trinitaire, est un principe vivant d’Église, une semence de Royaume. “Le champ, c’est le monde. La semence, ce sont les fils du Royaume. “(Mat. 13, 38)
Cette vue relative à la croissance de “l’être” a des répercussions infinies quant à l’homme, les rapports des hommes entre eux et leurs rapports avec Dieu.
Marguerite Hoppenot
Midi sur le monde
ch. A l’image de Dieu