Le livre de la Correspondance entre Marguerite Hoppenot et le pasteur Marc Boegner a suscité plusieurs recensions dans différents journaux, de la part de protestants et de catholiques.
Voici la dernière parue dans La nouvelle revue théologique rédigée par Marie – Jeanne Coutagne, agrégée de philosophie, chercheur à l’université catholique de Lyon, enseignante aux facultés Loyola à Paris.
Le pasteur Marc Boegner (1881-1970), au charisme exceptionnel, est une des grandes figures du protestantisme français contemporain. Président de la Fédération protestante de France, docteur en théologie, membre de l’Académie française, il a porté sa vie durant, en assumant de nombreuses responsabilités, “une exigence œcuménique” qui fait de lui un véritable pionnier du rapprochement entre les Églises chrétiennes.
En 1953, le pasteur Boegner rencontre par le biais d’une cousine Marguerite Hoppenot (1901-2011), la fondatrice du Mouvement Sève, une fraternité spirituelle au sein de l’Église catholique, qui entend aider les personnes en quête de sens à grandir spirituellement dans l’écoute permanente de l’Esprit de Dieu, à la suite du Christ. Entre Marc Boegner et Marguerite Hoppenot, c’est le début d’une amitié spirituelle très forte jusqu’à la mort du pasteur en 1970. Ce dialogue, original encore aujourd’hui, engage les deux épistoliers “dans la voie exigeante du mystère d’unité vécu à la lumière de la vie trinitaire“.
C’est leur correspondance qui est ici rassemblée et qui témoigne du caractère providentiel de leur rencontre. Marc Boegner évoque la souffrance de ne pouvoir partager l’eucharistie avec son amie, mais il ajoute qu’elle peut avoir un sens. Ainsi se dessinent ici peu à peu deux itinéraires spirituels qui s’éclairent en regard l’un de l’autre. Marc Boegner et Marguerite Hoppenot vécurent par-delà les divisions de leurs Églises dans lesquelles ils sont profondément enracinés, une communion qui trouvent sa force et sa vérité dans la foi et l’amour du Dieu Trinité. Comme le dit Marc Boegner : « J’ai compris plus clairement que notre amitié n’a de sens et de poids que parce que vous êtes ce que vous êtes : une catholique romaine, pleinement convaincue de la vérité de son Église infaillible, et que je suis ce que je suis : un pasteur pleinement convaincu que son Église est dans la vérité du Christ ».
Rencontre de deux chrétiens d’exception sans doute, mais pas seulement. Il s’agit de ce que Marc Boegner comme Marguerite Hoppenot nomment “une mise en commun” nécessaire, délicate, parfois tendre, toujours respectueuse et fraternelle.
Lorsque la correspondance s’interrompt par la mort du pasteur Boegner, elle laisse entrevoir que les travaux du Concile Vatican II (Marc Boegner y participe comme observateur aux 3ème et 4ème sessions) ne font que confirmer les intuitions de ces deux âmes profondément enracinées en Christ et lumineuses d’espérance.
Marie – Jeanne Coutagne – La nouvelle revue théologique – 2024/4, tome 146.
Correspondance entre Marguerite Hoppenot et le pasteur Marc Boegner Editions Le Cerf 2023 – 1216 pages, 54 €