Le carrefour du troisième millénaire
Affronté à l’universalité des problèmes du monde, l’homme n’est plus à la mesure du monde qu’il a engendré.
Une prise de conscience me saisit soudain : il faut un nouvel ordre du monde. Il faut faire le passage décisif de l’ordre de la loi morale à l’ordre de la loi d’amour, qui est l’ordre de la vie fraternelle conduisant à la vie « une » :
« Qu’ils soient un, Père, comme toi et moi sommes un.» Jn 17, 21
Jésus Christ est lui-même la révélation de cet ordre nouveau, l’ordre de l’amour incarné en vérité. Il est l’essence et le principe de la vie sans limites, celui de la fraternité, de l’unité et de la paix.
Nous avons bien compris que l’être humain a été créé intelligent, libre et responsable, responsable de donner sa libre réponse à l’amour et de la vivre. Mais l’amour est libre, il ne s’impose pas. La liberté est donc un appel à la fidélité et non à l’indépendance. L’être humain peut dire oui ou non. Il porte en lui les deux tendances positive et négative. L’ordre de la loi qui régit le monde depuis des milliards d’années s’emploie à lutter contre les puissances négatives.
Parvenus au carrefour du troisième millénaire, pouvons-nous convenir de la pauvreté des résultats en regardant le monde rongé par ses divisions et ses guerres parvenues à l’universel ?
Nous, chrétiens, n’avons-nous donc pas une prise de conscience décisive à faire ? N’avons-nous pas trop longtemps confondu unité et uniformité ? Unité et union ?
L’union implique de vouloir s’entendre, l’unité implique de s’accorder dans l’amour. Il s’agit de savoir si nous voulons nous soumettre à des lois communes ou si nous voulons à tout prix nous accorder dans l’amour au- delà de chacun, tendus ensemble vers un grand but commun : le Royaume fraternel. Il en coûte à chacun un effort, difficile parfois, de vouloir contribuer à sauver ce grand dessein d’unité et de paix, mais n’est-ce pas contribuer à se sauver soi-même ?
Prenons désormais conscience que nous ne pourrons sauver notre bonheur personnel qu’en contribuant à sauver la paix du monde. C’est évident et irréversible.
Alors, que voulons-nous ? Interrogeons-nous en pensant aux générations qui nous suivent, celles de nos chers enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants. Que décidons-nous ?
Marguerite Hoppenot- Un être nouveau pour un monde nouveau – 29 avril 1992