L’heure des urgences a sonné.
L’état du monde appelle à un sursaut.
Le tout est de savoir si nous en sommes capables.
L’heure n’est plus à venir, elle est venue.
Soljenitsyne * a dit : « Les hommes ont oublié Dieu, tout vient de là. »
Mais qui est Dieu ?
On prétendait ouvrir un nouvel horizon à l’homme, et on a commencé à le priver de toute perspective, on l’a enfermé en lui-même.
Il y a un quart de siècle, on a crié « la mort de Dieu ». Il n’y a pas pire homicide pour l’humanité.
Si les hommes ont oublié, ou voulu l’oublier, n’est-ce pas pour l’avoir montré si pareillement défiguré !
La confusion n’est-elle pas dramatique : la mort de Dieu, que l’on voulait à tout prix, n’est-elle pas celle du Dieu de la Toute Puissance extérieure, contraignante et aliénante, dont les croyants ont professé l’identité, défigurant ainsi la véritable identité de Dieu qui est celle de l’Amour, puissance de Vie, d’une vie sans limites et d’une vie fraternelle et « une » ?
D’une façon surprenante, Malraux a dit : « l’avenir du monde sera religieux ou ne sera pas ». Je crois qu’à cette affirmation, il faudrait une légère modification : « le monde sera spirituel ou ne sera pas » ; car le spirituel » est l’exigence, qui s’impose à toutes les religions pour être le ferment de leur « convergence », cette orientation vers l’union qui porte la signature de Dieu.
Le grand danger du monde est de se livrer à la division.
Le spirituel est la plus grande dimension de l’humain.
L’Esprit d’amour est l’essence et l’unique secret de la convergence et de l’union fraternelle des êtres humains. Or, cet Esprit d’amour est l’Esprit de Dieu qui est l’Amour, et il est présent dans le cœur de tous les êtres.
Marguerite Hoppenot – Un être nouveau pour un monde nouveau – mai 1983
*Alexandre Soljenitsyne (1917-2008) écrivain russe