« Vous me demandez à moi, une grand-mère, de donner mon témoignage sur l’attente de Noël !
Noël, cette fête pour les enfants … Sans doute parce que, tout au long de ma vie, je n’ai jamais cessé de découvrir que pour fêter vraiment Noël, il fallait se faire un cœur d’enfant… Il faut se faire un cœur d’enfant, c’est-à-dire :
– un cœur toujours « largement ouvert » à comprendre l’événement qui va se passer,
– un cœur tout prêt à s’émerveiller,
– un cœur en attente de quelque chose de tout “nouveau” dont on a soif plus ou moins consciemment,
– un cœur de pauvre enfant, qui ne sait pas tout, qui a toujours quelque chose à découvrir … à découvrir sur le plan de l’amour et sur le plan de la lumière aussi, en somme, j’aime à dire un cœur en forme de crèche … en attente !
Ce soir, nous sommes au terme de l’Avent.
Pour moi, c’est l’Avent de la plus merveilleuse Aventure de l’humanité, et donc de la merveilleuse Aventure de chacun de nous en particulier.
Cette Aventure s’est passée, il y a deux mille ans : c’était la naissance d’un enfant, qui portait en lui tout l’avenir du monde, et qui allait être la suprême, l’ultime Révélation… la Bonne Nouvelle de Dieu aux hommes, celle de Dieu qui Est Amour !
Cet enfant allait révéler que Dieu Est Amour et non un grand Monarque.
Il allait dévoiler non seulement le visage humain de Dieu demeuré mystérieux jusqu’alors – Dieu, on ne l’avait jamais vu – mais aussi, quelle surprise ! … Il allait révéler le visage divin de l’homme.
Cet enfant… Jésus, « pleinement Dieu, pleinement homme », allait révéler ce croisement du divin et de l’humain au cœur de chaque être humain.
Oui, la saisissante révélation de l’homme plus grand que l’homme, celui que nous sommes tous appelés à devenir !
Surtout, ne croyons pas que nous savons tout cela. Non, nous avons besoin de le découvrir et de le re-découvrir sans cesse en le vivant.
Or, cette aventure de Noël ne s’est pas passée seulement il y a deux mille ans. Demain soir, ce n’est pas un merveilleux souvenir que nous allons commémorer, par une crèche émouvante d’abord, par une belle cérémonie religieuse, suivie de cadeaux et de festivités de toutes sortes…
Non, il faut, pour que nous célébrions Noël par notre propre vie, que ce soit l’heure de notre nouvelle naissance, celle à laquelle Il nous appelle au cœur de notre être. Nous avons donc tous à vivre notre Noël… et cela tous les ans.
Le Christ nous appelle donc à revivre indéfiniment, à sa suite, cette incroyable Aventure, celle de l’incarnation de l’Esprit d’Amour grâce à ce germe de la Vie de Dieu, qu’à notre naissance, Il a déposé comme une source vive au cœur de notre être.
Incarner l’amour si peu que ce soit, à la suite de Jésus-Christ… donner vie à l’amour, pour donner un visage à Jésus-Christ dans le monde afin que Jésus-Christ puisse transformer ce monde, et peu à peu le transfigurer…
N’est-ce pas une fabuleuse Aventure et de quelle urgence !
Cependant, cela ne se fait pas tout seul. Devenir cet homme nouveau, cet homme plus grand que l’homme, cela ne se fait pas magiquement ! Ce dernier jour de l’Avent nous le rappelle.
Une question décisive se pose à chacun de nous, celle que l’Esprit de Dieu posa à Marie lors de son Annonciation : « Veux-tu ? Veux-tu donner ta réponse d’amour à mon appel d’Amour ? »
Alors, voulez-vous que chacun de nous entende lui-même, ce soir, le murmure de sa propre annonciation : « Veux-tu que mon Amour élargisse ton cœur et en fasse éclater les limites ? Veux-tu que ma Vie vienne habiter ta vie, si peu que ce soit… et fasse peu à peu de toi un fils… ou une fille de Dieu en vérité ? Un vrai chrétien ! »
Ce oui, bien sûr, il est à vivre tous les jours, mais chaque année, Noël nous appelle à en reprendre conscience et à le redire plus profondément.
C’est pourquoi la grand-mère qui vous parle ce soir avec tant de joie et d’émotion, malgré ses cheveux blancs, se sent un cœur d’enfant émerveillé… oui, émerveillé de découvrir, à travers une si longue route ce qu’est une éternelle jeunesse du cœur.
C’est pourquoi je suis aussi pressée de chanter avec vous tous, en union avec tous les chrétiens du monde, un Alléluia de Noël qui n’en finira jamais ! »
Témoignage de Marguerite Hoppenot, interrogée par Denise Dumolin[1] le 23 décembre 1988, durant la veillée de l’attente du Sauveur à Notre Dame du Travail.
[1] Journaliste, interviewer à Radio Notre-Dame.