Correspondance Marguerite Hoppenot et le pasteur Marc Boegner entre 1953 & 1969

Les éditions du Cerf publient la correspondance de Marc Boegner et Marguerite Hoppenot, qui nous fait entrer dans l’intimité de ce pasteur qui a tant marqué le XXe siècle.

En 1953, le pasteur Marc Boegner rencontre, par le biais d’une cousine, Marguerite Hoppenot, la fondatrice du Mouvement Sève, une fraternité spirituelle au sein de l’Église catholique. Elle est mariée à un homme qu’elle aime profondément et elle partage avec le pasteur un deuil douloureux. Elle a perdu un fils, alors que Marc Boegner vient de se trouver veuf pour la seconde fois. Cette rencontre est à l’origine d’une amitié spirituelle très forte marquée par une correspondance, qui va durer jusqu’à la mort du pasteur.
Sous son influence, le Mouvement Sève s’est ouvert au protestantisme. En réciprocité, Marguerite Hoppenot a été un fidèle soutien d’un homme, qui multipliait les responsabilités puisqu’il était président de la Fédération protestante, de la Cimade, de la Société biblique, de la Société des missions et engagé au comité du Conseil œcuménique des Églises, tout en étant pasteur de la paroisse de l’Annonciation.
Marc Boegner témoigne de la force de cette amitié : « Nos rencontres ont été ce qu’il y a de plus bienfaisant, de plus enrichissant dans ma vie. La certitude que vous m’avez apporté une aide incomparable et une magnifique impulsion vers la sainteté. »
Cette correspondance est passionnante pour plusieurs raisons.
D’abord c’est un beau témoignage de foi.
Les deux épistoliers parlent de leur spiritualité, de la façon dont ils prient l’un pour l’autre et dont ils s’encouragent dans leurs ministères respectifs.
Ensuite, elle nous fait entrer dans le quotidien de Marc Boegner, le poids que représentait l’enregistrement des conférences de Carême, son appréciation sur la présence française dans les colonies, son implication dans l’émergence du mouvement œcuménique et ses engagements publics – au détour d’une phrase, on apprend qu’il lui arrive de conseiller le président René Coty-.
Enfin, la correspondance souligne la blessure de la séparation des Églises, Marc Boegner évoque la souffrance de ne pouvoir partager l’eucharistie avec son amie, mais il ajoute qu’elle peut avoir un sens.
« J’ai compris plus clairement que notre amitié n’a de sens et de poids que parce que vous êtes ce que vous êtes : une catholique romaine, pleinement convaincue de la vérité de son Église infaillible, et que je suis ce que je suis : un pasteur pleinement convaincu que son Église est dans la Vérité du Christ. »

Antoine Nouis, Revue “Réforme” – 18 janvier 2024, numéro 4026.