En septembre dernier, j’étais au Gaillardin, ce lieu merveilleusement “habité ” … et en plus je logeais dans la chambre de Marguerite ! -merci aux organisatrices-

Depuis je suis plongée dans la lecture de  la Main de Dieu, livre qui me touche profondément, m’émeut, me bouleverse même parfois. Nourrie des écrits, des enseignements de Marguerite Hoppenot, je ne réalisais pas bien sa vie privée, sa vie spirituelle et dans ses confidences, elle m’est devenue toute proche…

Je n’étais pas préparée à cela. Ce fut un imprévu, un dépannage de dernière minute pour remplacer une cuisinière, j’étais dans le « faire » et me suis retrouvée chamboulée dans mon “être”.

J’accueille avec gratitude les fruits et grâces inattendues reçues.

Il faut dire aussi que l’équipe que j’avais l’humble charge de nourrir matériellement vivait une autre expérience de nourriture spirituelle de grande volée… voir leurs visages le dernier jour m’a remplie de joie…

C’est ainsi que je me décide à répondre, enfin, à votre questionnaire pour préparer le 85ème anniversaire de Sève que j’avoue je repoussais depuis des semaines.

En quoi la lumière de la vocation de Sève m’accompagne ?

Je parlerai d’abord, des personnes que je rencontre, famille, amis, quartier car c’est mon quotidien plus encore que mes engagements.

– Le préjugé favorable que j’ai d’abord découvert en réunion (c’est plus facile à appliquer entre nous),m’a fascinée au début, n’entendre jamais une critique, chacun pouvant dire ce qu’il pensait sans être interrompu par un « je ne suis pas d’accord avec toi » vraiment je trouvais cela formidable. Maintenant il me culpabilise parfois mais ça vient doucement…J’arrive même à penser que mon voisin qui me soûle avec sa batterie n’aime simplement pas la même musique que moi ! …

– Le Royaume est ici bas, maintenant, pas dans un au-delà et dans un plus tard après la mort.

Dans mes discussions avec mes grands petits enfants (c’est désormais ma seule catéchèse, la transmission de la foi et de l’espérance par les grands-parents est si importante et si demandée dans ce contexte angoissant que nous vivons !) je leur dis souvent :

« Si les ondes de vos smartphones et autres appareils électroniques qui colportent tant de mauvaises nouvelles pouvaient par une alchimie mystérieuse devenir visibles vous seriez affolés de vous sentir prisonniers de cette toile pire que Spiderman.

Mais heureusement nous sommes enveloppés de liens invisibles tissés par les saints, les anges et nos défunts qui veillent sur nous.

C‘est ça le Royaume invisible mais bien réel ici-bas et ils nous aident à le faire advenir  en recherchant ce qu’il y a de meilleur en nous et à agir par nos actes positifs. »

 – Enfin ce qui m’a marquée c’est la Visitation : Elisabeth révèle à Marie le Trésor qu’elle porte en elle.

Depuis plus de vingt ans je vais voir des enfants malades au CHU de Bordeaux le soir, je suis « « dormeuses » mot plein d’humour quand on sait qu’ils ne demandent qu’à jouer, écouter des histoires, mais aussi c’est vrai des berceuses…Je vais surtout en oncologie, c’est l’heure pas facile quand Papa et Maman s’en vont …

Je vais à la messe juste avant et c’est vraiment dans la pensée d’être porteuse de Jésus et d’aller visiter Jésus présent en eux que j’y vais.

Ce qui est un plus avec Sève est que j’y vois une Visitation, essayant comme dit Marguerite de n’être qu’un vase vide cherchant au plus profond de moi à laisser passer Jésus vers la rencontre du plus profond en lui à travers mon écoute mon toucher et mes paroles. (A la demande du personnel médical et des enfants je suis la seule autorisée, privilège des cheveux blancs, à leur faire ce que j’appelle de la relaxation et des massages de grand-mère, cela attire beaucoup de confidences).

Depuis un an nous avons souvent des jeunes dépressifs et suicidaires car ils sont si nombreux que les hôpitaux psychiatriques et autres services de neurologie n’ont plus assez de places et ils se retrouvent en cancérologie !

Nous avons des échanges très forts parfois et quand je le peux, sans parler de Dieu, je leur parle de ce germe de vie et d’amour qu’ils sentent en eux, de cette soif qui les anime qui fait qu’ils valent plus qu’ils ne croient…

Quand j’ai rencontré Marguerite elle avait 101 ans et m’avait dit après un long entretien, elle ne voulait pas me laisser partir, “je sens que nous allons faire une longue route ensemble” …Cette phrase m’avait fait sourire, mais aujourd’hui je le crois sincèrement : “Oui Marguerite, nous allons faire une longue route ensemble “.

Florence, membre de Bordeaux
novembre 2022